Hiéroglyphes

Que serait la civilisation égyptienne sans ce fameux système d’écriture hiéroglyphique connu de tous à travers le monde ? Il me parait, très important de comprendre ce système de communication qui a traversé les millénaires et qui fait l’objet de nombreuses questions de nos jours. Un peu de retraçage historique ne peut pas nous faire de mal !

L’histoire des origines

Le hiéroglyphe est un caractère utilisé dans un système d’écriture picturale, notamment la forme utilisée sur les anciens monuments égyptiens. Les symboles hiéroglyphiques peuvent représenter les objets qu’ils décrivent, mais ils désignent généralement des sons particuliers ou des groupes de sons. Le terme hiéroglyphe, qui signifie « gravure sacrée », est une traduction grecque de l’expression égyptienne « les mots du dieu », utilisée à l’époque des premiers contacts entre la Grèce et l’Égypte pour distinguer les anciens hiéroglyphes de l’écriture de l’époque (démotique). Le hiéroglyphe hittite, le crétois ancien, mais aussi les hiéroglyphes mayas correspondent à des systèmes d’écriture dont l’étendue découle de l’usage moderne. Il n’y a aucun lien entre les hiéroglyphes égyptiens et ces autres écritures, le seul dérivé certain de l’écriture égyptienne étant celui utilisé pour le méroïtique.

Voici une brève présentation des hiéroglyphes.

L’écriture hiéroglyphique de l’Egypte Antique était intégralement constituée d’images, bien que l’objet représenté ne puisse être reconnu dans tous les cas. Les exemples les plus anciens que l’on puisse lire montrent que les hiéroglyphes étaient utilisés comme une écriture réelle, c’est-à-dire avec des valeurs phonétiques, et non comme une écriture imagée comme celle des Esquimaux ou des Indiens d’Amérique. Les origines de l’écriture hiéroglyphique demeurent inconnues. Elle est apparemment apparue à la fin de la période prédynastique (juste avant 2925 avant notre ère). Il y avait des contacts entre l’Égypte et la Mésopotamie à cette époque, et on a pensé que le concept d’écriture avait été emprunté aux Sumériens. Il s’agit là d’une probabilité importante, qui en tout état de cause, impliquait que les deux systèmes avaient de tels points de distinction au niveau de l’usage des signes, qu’il est évident que leur développement s’est fait de façon indépendante.

À l’exception des noms et de quelques titres, les inscriptions les plus anciennes ne sont pas lisibles. Dans de nombreux cas, on a utilisé des hiéroglyphes individuels qui nous sont familiers à des périodes ultérieures, mais la signification de l’inscription dans son ensemble est obscure. Les sons n’étaient alors pas représentés de façon aussi complète dans cette écriture, alors que ce fut le cas ultérieurement.

À l’époque de la 3ème dynastie (vers 2650 à 2575 avant J.-C.), de nombreux principes de l’écriture hiéroglyphique ont été standardisés. À partir de cette époque, et jusqu’à ce que l’écriture soit supplantée par une version précoce du copte (vers les 3e et 4e siècles de notre ère), le système est resté pratiquement inchangé. Même le nombre de signes utilisés est resté constant, soit environ 700, et ce, pendant plus de 2 000 ans. La montée du christianisme aux IIe et IIIe siècles de notre ère a entraîné le déclin et la disparition définitive non seulement de l’ancienne religion égyptienne, mais aussi de ses hiéroglyphes. L’utilisation, par les chrétiens égyptiens, d’une forme adaptée de l’alphabet grec a entraîné une désaffection correspondante de l’écriture égyptienne. La dernière utilisation connue des hiéroglyphes figure sur une inscription datée de 394 de notre ère.

L’écriture hiéroglyphique suivait quatre principes de base. Le premier principe était qu’un hiéroglyphe pouvait être utilisé de manière presque purement picturale. Le signe d’un homme portant la main à sa bouche pouvait signifier le mot « manger ». De même, le mot « soleil » aurait été représenté par un grand cercle avec un autre cercle de plus petite taille en son centre. Le principe n°2, est qu’un hiéroglyphe peut avoir une représentation ou impliquer un autre mot suggéré par l’image. Le signe pour « soleil » pourrait aussi bien servir de signe pour « jour » que de nom du dieu du soleil Rê. Le signe pour « manger » pouvait également représenter le mot plus conceptuel « silence » en suggérant le recouvrement de la bouche. Troisièmement, les signes servaient également à représenter des mots qui avaient des consonnes dans le même ordre. Ainsi, les mots égyptiens pour « homme » et « être brillant », tous deux orthographiés avec les mêmes consonnes, hg, pouvaient être rendus par le même hiéroglyphe. Quatrièmement, les hiéroglyphes désignaient des consonnes individuelles ou des combinaisons de consonnes.

Il y a lieu de se poser une question intéressante, à savoir si les Romains ou les anciens Grecs étaient en mesure de comprendre les hiéroglyphes. Il est presque certain que les Grecs ne les comprenaient pas, car, de leur point de vue, les hiéroglyphes n’étaient pas des signes phonétiques mais des symboles de nature plus abstruse et allégorique. Le renouveau humaniste du Moyen Âge européen, bien qu’il ait produit un ensemble de hiéroglyphes de conception italienne, n’a pas permis de mieux comprendre les hiéroglyphes égyptiens originaux.

La première tentative de déchiffrer les hiéroglyphes, en partant de l’hypothèse qu’il s’agissait bien de symboles phonétiques, a été faite par l’érudit allemand Athanasius Kircher au milieu des années 1600. Malgré son hypothèse initiale correcte, il n’a identifié correctement qu’un seul symbole.

La découverte de la pierre de Rosette, en 1799, allait fournir la clé permettant de percer définitivement le mystère. La pierre comportait trois écritures différentes : hiéroglyphique, démotique et grecque. Sur la base de la déclaration de la pierre elle-même, dans la partie grecque, selon laquelle le texte était identique dans les trois cas, plusieurs avancées significatives ont été réalisées en matière de traduction. A.I. Silvestre de Sacy, un érudit français, et J.D. ainsi que le diplomate d’origine suédoise, à eux trois, ont identifié au travers du texte démotique, un certain nombre de noms. Akerblad a également défini de façon correcte des valeurs phonétiques à quelques signes. Thomas Young, un anglais, a pour sa part réussi à identifier cinq hiéroglypes. Le déchiffrage complet de la pierre a été accompli par un autre Français, Jean-François Champollion. Il apporta à la pierre une facilité naturelle pour les langues (ayant, à l’âge de 16 ans, acquis la maîtrise de six langues orientales anciennes ainsi que du grec et du latin). En comparant un signe avec un autre, il a pu déterminer les valeurs phonétiques des hiéroglyphes. Des études ultérieures n’ont fait que confirmer et affiner les travaux de Champollion.

hiéroglyphes papyrus

Des faits intéressants

L’écriture trouvée à l’intérieur des temples, monuments et tombes de l’Égypte ancienne représente un vestige complexe de l’histoire.

Après les pyramides, le Sphinx et les momies, l’une des découvertes les plus fascinantes de l’ancienne civilisation égyptienne est une forme d’écriture qui ressemble à des images stylisées de personnes, d’animaux et d’objets. L’écriture hiéroglyphique, dont le nom vient de hieroglyphikos, mot grec signifiant « sculpture sacrée », a été découverte gravée sur des murs de pierre il y a plus de 5 000 ans, et a été utilisée jusqu’au 4e siècle de notre ère.

Les Égyptiens ornaient l’intérieur de leurs temples, monuments et tombes d’une écriture hiéroglyphique qu’ils écrivaient sur du papyrus, un papier ancien fabriqué à partir de roseaux.

Vous trouverez ci-dessous huit informations clés sur l’écriture hiéroglyphique.

1. Les hiéroglyphes utilisent des images, mais ce n’est pas une écriture imagée

Comme les symboles utilisés dans l’écriture hiéroglyphique ressemblent à de petites images de personnes, d’animaux et d’objets, il est facile de supposer que les hiéroglyphes représentent ces choses. Au contraire, certains hiéroglyphes représentent des sons de la langue égyptienne ancienne, tout comme les caractères de l’alphabet romain. D’autres sont des signes idéographiques, qui représentent des concepts mais ne sont pas associés à un son.

2. L’écriture hiéroglyphique est liée aux tombes des élites

« L’écriture hiéroglyphique la plus ancienne se trouve couramment sur les objets funéraires trouvés dans les tombes royales d’Abydos qui précèdent la période historique », explique Peter F. Dorman, professeur émérite à l’Oriental Institute de l’université de Chicago. « Les hiéroglyphes étant picturaux, le lien avec l’art formel primitif est indélébile, notamment la représentation du roi avec son titre royal, que l’on retrouve sur les monuments commémoratifs placés dans les premiers temples. »

Bien que le système ait fini par être utilisé pour d’autres types d’écriture, les hiéroglyphes n’ont jamais perdu leur lien initial avec les contextes d’élite dans les lieux de commémoration comme les temples et les tombes, explique M. Dorman.

Les personnes qui n’étaient pas des membres de la famille royale utilisaient parfois les hiéroglyphes dans leurs tombes et monuments privés, à condition qu’elles soient suffisamment riches pour s’offrir les services de sculpteurs sur pierre.

3. Les anciens Égyptiens utilisaient d’autres formes d’écriture

L’écriture hiéroglyphique étant très compliquée, les Égyptiens de l’Antiquité ont développé d’autres types d’écriture plus pratiques. L’écriture hiératique, une écriture cursive qui s’écrit sur le papyrus à l’aide d’un stylo ou d’un pinceau, ou sur un morceau de calcaire appelé ostracon, a été inventée pour être utilisée principalement sur le papyrus, un matériau plus fragile. Mais, selon M. Dornan, elle a rarement été utilisée sur des monuments formels. Le démotique, une autre forme d’écriture développée dans les années 800 avant J.-C., était utilisé pour les documents quotidiens, ainsi que pour les œuvres littéraires.

hiéroglyphes pierre

4. L’écriture hiéroglyphique présente des bizarreries

L’écriture hiéroglyphique ne comporte pas d’espaces entre les mots, et il n’y a pas de ponctuation. Cela signifie que les lecteurs doivent avoir une bonne maîtrise de la grammaire de l’Égypte ancienne et connaître le contexte d’un message pour pouvoir distinguer les mots, les clauses, les phrases, les paragraphes et les chapitres. En outre, contrairement au français, les hiéroglyphes ne se lisent pas nécessairement horizontalement, de gauche à droite. Les hiéroglyphes peuvent être écrits de gauche à droite, ou de droite à gauche, et aussi bien verticalement qu’horizontalement.

5. Peu d’Égyptiens pouvaient lire l’écriture hiéroglyphique

Dans les derniers stades de la civilisation égyptienne antique, seuls les prêtres étaient capables de lire l’écriture hiéroglyphique, selon James P. Allen dans son livre Middle Egyptian : An Introduction to the Language and Culture of Hieroglyphs. Allen indique que les inscriptions dont le but était d’être destinées à un public large étaient plutôt gravées en démotique.

6. L’écriture hiéroglyphique s’éteint progressivement

Lorsque les Ptolémées, d’origine macédonienne, ont commencé à régner sur l’Égypte dans les années 300 avant J.-C., le grec a remplacé l’égyptien comme langue officielle de la cour. Environ 600 ans plus tard, en 384 après Jésus-Christ, l’empereur romain chrétien Théodose a approuvé un décret interdisant la pratique de la religion païenne en Égypte, ce qui a marqué le début de la fin de l’utilisation des hiéroglyphes, selon l’auteur Stéphane Rossini.

Lorsque la dernière écriture hiéroglyphique connue a été gravée dans le temple de Philae en 394 après J.-C., il ne restait probablement plus que quelques sculpteurs égyptiens capables de comprendre ce qu’on leur demandait de graver sur les murs, comme l’écrit Hilary Wilson dans Understanding Hieroglyphs : A Compete Introductory Guide.

7. La pierre de Rosette a permis de faire une percée

En 1799, des soldats français sous les ordres de Napoléon en Égypte, qui réparaient un fort dans la ville de Rashid (également connue sous le nom de Rosette), ont découvert une dalle de pierre qui fut connue sous le nom de pierre de Rosette. Elle était recouverte d’écritures dans trois langues différentes : l’écriture hiéroglyphique, le démotique et le grec ancien. Les trois langues gravées sur une seule pierre ont permis aux chercheurs de déchiffrer l’écriture hiéroglyphique.

Le scientifique britannique Thomas Young, qui a commencé à étudier la pierre en 1814, a d’abord déduit que certains des symboles étaient des orthographes phonétiques de noms royaux. Puis, entre 1822 et 1824, le linguiste français Jean-François Champollion a pu montrer que les hiéroglyphes étaient une combinaison de symboles phonétiques et idéographiques. Il a pu déchiffrer le texte, qui était un message des prêtres égyptiens à Ptolémée V écrit en 196 avant J.-C.

« En fin de compte, Champollion a eu le dessus, grâce à son étude approfondie du copte, qui est la dernière phase de la langue égyptienne », explique M. Dorman. C’est ce savoir qui lui a facilité la reconnaissance des caractéristiques d’ordre grammatical et qui n’avaient pas été découvert par Young.

8. Déchiffrer l’écriture hiéroglyphique reste un défi

Déchiffrer le sens des textes écrits en hiéroglyphes reste un grand défi pour les chercheurs, et nécessite une certaine dose d’interprétation subjective qui n’est pas à la portée de tous. Même leur lecture à haute voix n’est pas facile.

« Ce n’est pas tant l’utilisation de signes phonétiques qui rend les traductions difficiles, mais plutôt le fait que la vocalisation complète de l’égyptien ancien n’est pas écrite », explique M. Dorman. C’est pourquoi, la prononciation des différents mots, mais aussi les subtilités du système verbal de l’Egypte Antique demeure des sujets de conjecture. C’est pour cette raison que les interprétations sont diverses et variées.